Les Temples
* Le temple aux rats « Karni Mata » au sud de Bikaner
De l’extérieur, rien ne laisse présager de ce qui se passe à l’intérieur : une façade de briques défraîchies, une entrée quelconque mais à peine a-t-on passé le seuil que l’extraordinaire vous saisit. Un grand hall carrelé de noir & blanc empeste l’urine animale. On se déchausse pour aussitôt marcher sur des monceaux de petites crottes noires qui forment comme un tapis repoussant et inéluctable : nous sommes au Temple des rats, seul en Inde et visité avec ferveur tout au long de l’année. Les rongeurs sont nourris par les gardiens et les hindous de passage – grandes écuelles en métal gorgées d’offrandes en tout genre, graines de céréales, beignets de pommes décomposés, lait, miel et j’en passe…Ce ne sont pas dix ou vingt rats mais des centaines grouillantes sur la place et dans l’enfilade de couloirs sombres qu’éclairent – symboliquement – les faces argentées de quelque lion ou déesse nichés dans un coin. Mais le clou de la visite dans cet enfer consiste à repérer un rat blanc dans la masse, gage de bonheur et de chance éternelle pour l’impétrant qui aura su surmonter son dégoût.
* Le temple Jain de Ranakpur (Adinatha)
Entre tous, ce temple Jaïn est l’expression même du temple hindou qui nous ramène à l’enfance, aux lectures de Kipling. Son architecture à la fois imposante et intime nous enveloppe d’autant plus facilement que la première mousson surgit à notre arrivée. Dans un grand éclat de rire, tous, femmes, enfants, vieillards, s’ébrouent dans cette moisson fluviale. Pieds nus, nous glissons sur le sol lustré et tels des gamins jouons à cache-cache entre les colonnes de marbre rainuré, brisant par intervalles des murs d’eau tombés des toits, à la recherche de bouddhas ventrus et d’éléphants en goguette qui aujourd’hui se sont échappés de leur robe de pierre… A l’écart, un patio clair-obscur, une vision : trois marches, deux colonnes et un figuier. |
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